“La douceur se présente quand je lâche les armes.
Ces mêmes armes que j’avais utilisées contre moi, pour me rapetisser, pour me condamner, pour me défier moi-même et m’éprouver, me sentir faussement vivant(e).
Ces mêmes armes que j’avais placées entre les mains de l’autre, pour me faire mal, justifier ma souffrance, mon histoire, et condamner mon originalité, encore et toujours.
Quand je fais un pas en arrière, quand je refuse de jeter des paillettes de fausse douceur à mes propres yeux pour me cacher ma propre violence, mon propre dark, alors un tout nouvel espace s’ouvre.
Un espace de vérité, un espace de vraie rencontre, un espace d’amour, un espace de croissance, porté par la douceur elle-même.
Ma douceur a souvent agacé. On a remis parfois en question la qualité de mon travail parce que j’étais “trop douce”. C’est justement cette douceur qui permet d’aller toucher nos zones d’ambiguïtés, de souffrance, car elles sentent qu’elles sont déjà aimées et choyées. Alors ce n’est pas ma douceur qui a fait peur, mais plutôt ce qu’elle allait permettre de mettre en lumière.
Je te rends ta violence, mais sache que je l’aime déjà de tout mon cœur. Je l’ai toujours aimée. Car dans cette violence, je vois ta douceur, celle là même qui n’a pas pu être écoutée, transmise, et qui s’est auto-condamnée.
Je dépose un bouquet de fleurs en provenance de mon cœur pour cette humanité qui croit que douceur égale faiblesse, que douceur égale dominé(e), que douceur égale candeur.
J’ai plutôt expérimenté que grâce à la douceur je pouvais prononcer les mots les plus renversants, pointer du doigt les zones les plus meurtries, aimer les parts de toi, de moi, les plus scandalisées, et elles se laissaient faire, elles se laissaient aimer.
Alors non, la douceur n’est pas optionnelle. Elle est ma bataille ; mais une bataille sans arme, une bataille de réconciliation, avec sens du jeu, avec vérité, et surtout beaucoup d’amour. Une nouvelle sorte de bataille où l’on a juste à aimer et à oser se découvrir ensemble sous un nouveau jour. Où l’on convie l’autre, et son guerrier pacifique, pour co-créer ensemble, non pas sous l’héritage de nos blessures anciennes, mais sous l’envie de voir éclore un nouveau jour, une nouvelle humanité.”
Léa Doussinet
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